Interview, Cédric Vasseur "Je rêve du maillot jaune pour Cofidis"

Interview, Cédric Vasseur "Je rêve du maillot jaune pour Cofidis"

A l’aube de cette nouvelle saison, Vélo-Club du Net a rencontré Cédric Vasseur, Général Manager, lors de la présentation de l’équipe Cofidis à Roubaix afin de dresser le bilan de la saison écoulée mais surtout pour connaitre les principaux objectifs de la formation Nordiste pour l’année 2024.

Cédric, que retiendras-tu de cette saison 2023 ?

Ce que je retiens, ce sont surtout les victoires de prestige et le fait d’avoir enfin retrouver le succès sur les routes du Tour de France. Parce qu’on a beau faire une belle saison, on sait tous que si on ne gagne pas sur la grande boucle, on a toujours l’impression de ne pas faire partie du gotha des meilleures équipes au monde. Donc, voir Victor Lafay s’imposer à San Sebastian et Ion Izagirre enfoncer le clou lors de l’étape Roanne-Belleville-en-Beaujolais, cela a rappelé à tout le monde que Cofidis est une grande équipe. Aujourd’hui, tout le monde peut voir que Cofidis est bel et bien présent à nouveau sur le devant de la scène. De même, voir Victoire Berteau remporter le maillot bleu-blanc-rouge chez les filles, c’est que du bonheur.

Seulement 14 victoires mais de qualité avec les 2 victoires d’étapes sur le Tour de France. L’équipe a-t-elle répondu à tes attentes ?

Oui. Les équipes qui remportent beaucoup de victoires de qualité sont peu nombreuses et possèdent surtout un gros budget. En ce qui me concerne, on a plutôt mis l’accent sur la qualité que sur la quantité et je suis vraiment fier de cette saison 2023.

Petit bémol, Cofidis ne termine que 15ème au classement des équipes World Tour. Une déception ?

Peut-être pour la saison 2023 mais en ce qui concerne le classement UCI WorldTour par équipes, on en reparlera surtout fin 2025. Ce n’était pas une priorité cette année. Bien entendu, on ne voulait pas être trop décollé au niveau de ce classement mais l’important, c’était surtout cette saison de mettre l’accent sur le prestige des victoires. On sait qu’on doit faire partie des 18 meilleures équipes avec cette échéance en 2025. On sera donc un peu plus focalisé cette année sur ce classement par équipes.

Pour cette saison 2024, pas mal de changements au sein de l’équipe Cofidis avec pas moins de 12 nouveaux coureurs. Quels ont été vos principaux critères de sélection lors du recrutement ?

Tout d’abord, il y a un critère budgétaire et ensuite, on se devait de renforcer le groupe autour de Guillaume Martin, de Axel Zingle et de Bryan Coquard. On a donc été chercher des grimpeurs, des coureurs expérimentés pour les classiques, des rouleurs comme Ludovic Robeet et Alexis Gougeard mais aussi beaucoup de jeunes coureurs parce que ce qu’on a fait avec Victor Lafay en 2023, on veut le réaliser avec un autre coureur. Un peu à l’image de Patrick Lefevere, on veut lorsqu’un coureur vient chez Cofidis faire tout un travail autour de lui afin qu’il puisse progresser et qu’il puisse ensuite un jour obtenir sa chance de pouvoir gagner sur le Tour. Plutôt que de se focaliser ou se battre pour garder quelqu’un qui a déjà apporté des satisfactions à l’équipe, on veut donner également cette opportunité à d’autres coureurs.

Les départs de Max Walscheid, de Victor Lafay, de Simone Consonni et de Davide Cimolai, c’était un choix du staff ou des coureurs ?

C’était à la fois un choix des coureurs mais aussi, très vite, on a compris que cette collaboration, elle ne pouvait plus durer pour des raisons budgétaires. On doit toujours garder en tête et surtout respecter un ratio investissement et retour sur investissement. En ce qui concerne Simone Consonni, il nous a déçu sur le Giro et on a préféré en rester là. Ensuite, on ne veut pas avoir au sein de notre effectif trop de coureurs qui préparent les Jeux Olympiques de Paris parce que pendant ce temps-là, ils ne peuvent pas faire des courses sur route sous le maillot Cofidis. Pour Max Walscheid, c’est un coureur extraordinaire mais il a un registre très restreint et Davide Cimolai ne nous a pas vraiment donné satisfaction. Dans ces cas-là, plutôt que de s’obstiner, il vaut mieux parfois tourner la page et passer à autre chose.

Quels sont tes attentes avec le recrutement de Ben Hermans (37 ans) ?

D’accord, il a 37 ans mais quand on regarde d’un peu plus près son palmarès, c’est un coureur expérimenté, un vrai puncheur et tout à fait capable de gagner à nouveau s’il retrouve son meilleur niveau. D’ailleurs, pour rappel, j’ai gagné une étape du Tour de France à Marseille à 37 ans. Ben a eu beaucoup de problème de santé. C’est un peu un pari, raison pour laquelle il n’a signé qu’un contrat d’un an. J’ai une totale confiance en lui et je suis persuadé qu’il va en surprendre plus d’un cette saison.

Bryan Coquard a réussi une belle saison 2023 avec 3 succès d’étape et de nombreux accessits. Quels sont les principaux objectifs qui lui seront fixés pour cette nouvelle saison ?

Bryan, on sait très bien que ce n’est pas le pur sprinter capable de remporter des sprints massifs. On doit plutôt le considérer comme un sprinter puncheur. Ce qui est certain, c’est qu’il a dans les jambes et dans sa tête les capacités pour remporter une victoire d’étape sur les 3 grands tours. Notre objectif sera donc de l’accompagner et de l’aider au maximum pour réaliser ce gros ‘challenge’.

Guillaume Martin va-t-il encore se concentrer sur le classement général des épreuves par étapes ou ses ambitions et objectifs seront ailleurs ?

On est réaliste, au vu des stars actuelles dans le peloton sur les grands tours, on sait très bien qu’un Top 5 au classement général final est extrêmement compliqué. Sa qualité, c’est son endurance et sa résistance. On ne peut pas faire abstraction du général en misant tout sur une étape. Guillaume gagne des courses plutôt en terme qualitatif que quantitatif. Ce n’est pas un reproche, loin de là, c’est un constat. Donc, on compose avant tout avec le potentiel et les capacités de Guillaume. Il a réalisé d’ailleurs sa meilleure saison en terme de points UCI et lorsqu’on connait l’importance de ces points pour le classement par équipes, on va fatalement continuer dans cette voie. En résumé, Guillaume va se focaliser essentiellement sur le Tour et la Vuelta.

La surprise du ‘Chef’, c’est le recrutement un peu inattendu de Ludovic Robeet au sein de l’équipe. Un petit mot sur le coureur belge ?

Ludovic est un coureur atypique. Il ne peut pas rouler pour lui réellement mais c’est un rouleur extraordinaire. Je me souviens de sa victoire à Nokere où ce jour-là, il m’avait vraiment impressionné. D’ailleurs, on a eu un premier contact à ce moment-là mais il a préféré rester chez Bingoal-Wallonie. Je pense qu’aujourd’hui à 29 ans, il est prêt et qu’il s’est aussi dit que c’était le moment de tenter l’aventure et de passer un palier dans sa carrière de coureur professionnel. On n’attend pas de Ludovic qu’il joue l’un des premiers rôles dans le final d’un Tour des Flandres, il n’en a pas les capacités aujourd’hui mais, peut-être qu’un jour, il les développera. On va surtout l’utiliser dans un certain dispositif et ses capacités de rouleur doivent lui permettre de faire progresser l’équipe.

Pas mal de jeune coureurs avec la présence de garçons comme Milan Fretin, Oliver Knight, Nolann Mahoudo sans oublier Hugo Toumire. Quelles sont tes attentes à leur sujet ?

Le cyclisme d’aujourd’hui appartient à la jeunesse. Un coureur n’a plus besoin de rouler 5 ans pour trouver le bon rendement. Un garçon comme Arnaud De Lie en est la preuve vivante. On a donc besoin d’un mixte entre expérience et des petits jeunes qui viennent ‘booster’, stimuler, chatouiller l’ancienne génération. Milan Fretin, c’est un coureur qui a une pointe de vitesse exceptionnelle. Il est à présent dans une structure qui va le faire grandir et peut-être que Milan sera le sprinter révélation de la saison 2024.

Je sais que l’un de tes rêves, c’est de décrocher ce maillot bleu-blanc-rouge lors du championnat de France. C’est l’un des grands rendez-vous de la saison pour Cofidis ?

Maintenant qu’on a enfin réussi à s’imposer à nouveau sur les routes du Tour de France, il reste ce maillot tricolore à aller chercher mais je pense qu’on peut également rêver d’un maillot jaune sur les routes du Tour. On ne va pas se mettre une pression démesurée mais on va travailler sereinement en sélectionnant la meilleure stratégie et les meilleurs coureurs afin de se donner un maximum de chances pour atteindre ces 2 objectifs. Comme je le dis souvent, ce n’est pas parce que cela ne fonctionne pas pendant 1 an, 2 ans, 5 ans qu’il faut baisser les bras pour autant. Il ne faut pas avoir peur d’insister et on sait qu’on n’est vraiment pas très loin d’atteindre ces 2 objectifs.

Pour toi, une saison 2024 réussie, ce serait …….

Être capable de faire perdurer le succès sur les routes du Tour de France. Pourquoi pas aussi réaliser le triplé en remportant au moins une victoire d’étape sur le Giro, le Tour et la Vuelta. Ensuite un maillot et je ne te cache pas que le jaune me fait rêver. Je l’ai porté durant 5 jours en tant que coureur et à présent, en tant que manager, cela me plairait de l’avoir au moins une fois au sein de l’équipe Cofidis. En tant que coureur, je n’ai jamais obtenu le maillot de Champion de France et c’est un rêve à présent de pouvoir voir un maillot Cofidis tricolore sur les routes du Tour. Continuer de voir Axel Zingle progresser dans les classiques et atteindre un chiffre de 20 victoires pour l’équipe en 2024 et enfin améliorer notre classement UCI WorldTour par équipes de 2023. Je signe direct pour un Top 10 final en 2024.

Interview de Christian Hiernaut (photo : Gonzague Delmer)

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